Roblox tente-t-il de devenir la nouvelle référence en matière de réseaux sociaux pour les jeunes gamers ? Alors que la plateforme accueillait récemment sa grande conférence des développeurs, plusieurs annonces majeures ont soulevé des questions. Est-ce que Roblox veut désormais rivaliser avec TikTok grâce à « Roblox Moments », une fonctionnalité qui promet de transformer la façon dont les joueurs partagent et consomment les contenus ludiques ?
La ressemblance avec le format vidéo phares de TikTok ne semble pas fortuite : Roblox introduit un fil de courtes vidéos permettant de capturer ses exploits en jeu, de les éditer, puis de les partager. Pourquoi ce pivot soudain vers le contenu viral? Le but est-il de fidéliser une audience adolescente toujours plus friande de formats courts et interactifs ? À l’heure où le « scrolling » rapide domine les usages numériques, Roblox espère-t-il séduire les habitués des réseaux sociaux classiques et les ramener vers son univers plus immersif ?
Cette évolution ne s’arrête pas là. Le géant du jeu vidéo met aussi en avant de nouveaux outils pensés pour les créateurs : augmentation des revenus via l’outil DevEx, nouveaux services dopés à l’intelligence artificielle, ou encore possibilité d’imaginer des objets interactifs par de simples requêtes textuelles. Mais peut-on réellement parler d’une démocratisation de la création si l’économie interne reste contrôlée et que chaque contenu doit franchir la barrière de la modération ? Ne risque-t-on pas d’aboutir à une explosion des problèmes de modération, vu le rythme de déploiement accéléré ?
Roblox ne se contente plus d’être une plateforme de jeu : elle s’érige en véritable laboratoire des tendances numériques auprès de la jeunesse.
L’ouverture d’API pour que les créateurs développent leurs propres outils de mise en avant et de découverte marque-t-elle un point de bascule vers une autonomie accrue, ou constitue-t-elle une façon habile de verrouiller toujours plus les utilisateurs dans l’écosystème Roblox ? Le système de modération, qui se veut « progressif » et renforcé, pourra-t-il tenir le choc face à la créativité (et parfois à la malveillance) de millions de jeunes internautes ?
Par ailleurs, la vague d’innovations portée par l’IA questionne. La création d’objets interactifs sans écrire une ligne de code, la promesse d’une traduction vocale en temps réel ou encore le recours à des API texte-voix multiplient les horizons – mais ne risquent-ils pas d’uniformiser l’imaginaire au détriment de l’originalité ? À qui profite vraiment cette facilité de création : aux novices qui rêvent de se lancer, ou aux mastodontes déjà bien installés qui sauront exploiter ces outils à leur avantage ?
Derrière ces annonces, c’est l’ensemble de l’expérience utilisateur qui évolue. Les avatars plus réalistes et des performances en hausse visent à retenir les joueurs même sur les terminaux les moins puissants. Faut-il y voir une volonté de rendre la plateforme accessible à tous, ou plutôt de maximiser les temps de connexion pour renforcer l’économie interne de Roblox ?
Enfin, toute cette transformation s’opère alors que Roblox intensifie ses efforts sur la sécurité : généralisation de la vérification d’âge, partenariats pour uniformiser les systèmes de notation, le tout sur fond de procédure judiciaire liées à la sécurité des enfants. Ces mesures sécuritaires sont-elles un réel progrès ou une simple réponse à la pression médiatique et judiciaire ?
Au final, Roblox, entre ses velléités de plateforme sociale, ses nouvelles armes pour les créateurs, et ses préoccupations sécuritaires, n’est-il pas en train de redéfinir ce que signifie « jouer en ligne » aujourd’hui ?
Source : Techcrunch
