Quel est le coût réel de l’âme numérique dans le monde technologique d’aujourd’hui ? Alors que nous avançons inévitablement vers 2025, la tendance semble inarrêtable : de plus en plus d’organisations font le choix de monnayer leur savoir, au profit du géant de l’intelligence artificielle. La dernière alliance en date voit Synthesia, une entreprise britannique, s’associer à Shutterstock pour exploiter sa bibliothèque de contenu. Mais à quel prix cet accord a-t-il été scellé et que signifie-t-il vraiment pour les individus concernés ?
C’est loin d’être une première pour Shutterstock, qui avait déjà collaboré avec OpenAI dans le cadre de leur projet DALL-E 2. Synthesia, réputée pour la création d’avatars dans les vidéos d’entreprise, espère tirer parti des ressources vidéo de Shutterstock pour perfectionner EXPRESS-2, leur dernier modèle d’IA. L’objectif ? Rendre ses avatars plus réalistes et expressifs. Mais un tel partenariat soulève des questions cruciales : quels compromis éthiques sont en jeu lorsque l’on cherche à imiter la nature humaine ?
Le procédé traditionnel de Synthesia impliquait l’utilisation d’acteurs rémunérés pour leurs avatars sur une période de trois ans. Désormais, à travers Shutterstock, l’accès à de nouvelles « références humaines » se simplifie, non pas pour copier leur visage, mais pour capter leurs gestes, leurs intonations, ou encore la manière dont ils s’expriment en milieu professionnel. Néanmoins, ce procédé pose une question dérangeante : ne sommes-nous pas tous, sans le savoir, participants involontaires à cet immense chantier du numérique ?
L’ère numérique redéfinit-elle les frontières de notre consentement ?
Il semble que l’intégration continue d’éléments humains dans les IA se fasse souvent sans consultation préalable ni compensation adéquate pour les acteurs de ces contenus. Des noms célèbres comme DotDash Meredith, Time ou Reuters ont conclu des accords similaires, illustrant une tendance de plus en plus préoccupante. Si ces entreprises peuvent justifier leurs actions par un besoin de progrès technologique, qu’en est-il du respect des droits des individus représentés dans ces contenus ?
En définitive, ces accords signalent une question fondamentale autour du contrôle et de la propriété intellectuelle à l’ère numérique. Les contours de l’éthique s’estompent alors que les entreprises technologiques continuent d’explorer des territoires inédits, redéfinissant ce qui est acceptable dans cette nouvelle économie basée sur le savoir virtuel. Les utilisateurs lambda doivent-ils simplement accepter cette réalité sans broncher ?
Alors que la frontière entre l’humain et l’avatar se floute, une interrogation persiste : quel rôle souhaitons-nous réellement tenir dans ce théâtre digital, où nos mouvements et nos voix contribuent à une mémoire artificielle qui reste hors de notre contrôle ?
Source : Engadget