Le mélange explosif entre la Silicon Valley et la Maison-Blanche est-il en train de coûter cher à Tesla ? Voilà la question que de nombreux observateurs se posent à la suite des dernières révélations concernant Elon Musk et son implication au sein du Department of Government Efficiency (DOGE), un organisme gouvernemental créé sous la présidence de Donald Trump. Alors que les appels se multiplient pour exiger que le patron de Tesla se désengage de la sphère politique, Musk lui-même fait durer le suspense : compte-t-il vraiment tourner la page ou simplement lever le pied ?
Durant l’appel aux actionnaires du dernier trimestre, Elon Musk a tenté de rassurer tout le monde, annonçant qu’il limiterait son engagement à « une journée ou deux » par semaine auprès du DOGE, tout en précisant qu’il continuerait autant que le président Trump le souhaitera et que cela semblerait « utile ». Mais ce changement de rythme suffira-t-il à apaiser les tensions, alors que la lettre trimestrielle de Tesla elle-même reconnaît que le « climat politique » nuit désormais aux ventes de la marque ? Entre concurrence accrue, frilosité des investisseurs et « pagaille tarifaire » provoquée par Trump, le constructeur automobile a vu ses profits chuter de 71 % en un an. Jusqu’où le lien Musk-Trump pèsera-t-il sur Tesla ?
Ce qui inquiète particulièrement Wall Street, c’est l’incapacité apparente de Musk à séparer ses intérêts industriels de ses ambitions gouvernementales. L’un des plus grands supporteurs boursiers de Tesla tire d’ailleurs la sonnette d’alarme, allant jusqu’à parler d’une “situation code rouge” si Musk n’opère pas un évident retrait de la scène politique. Faut-il désormais choisir entre le capitaine d’industrie et l’homme d’État autoproclamé ? Les tensions ne datent pas d’hier, mais le divorce semble inévitable pour certains analystes.
Quand la politique s’invite dans les affaires, l’actionnaire, le salarié et le consommateur deviennent-ils les victimes collatérales ?
Musk n’a pas arrangé ses affaires lors de l’appel avec les investisseurs, tentant maladroitement de discréditer les manifestations – pourtant massives et mondiales – contre son implication au sein du DOGE. Selon lui, ces protestations seraient « payées » ou orchestrées par « des bénéficiaires d’argent frauduleux », des accusations qui ressemblent davantage à de la paranoïa qu’à des arguments solides. Pourquoi refuser de reconnaître l’ampleur d’un rejet qui dépasse manifestement les frontières américaines ?
De plus, le rôle de Musk comme « employé spécial du gouvernement » est censé être limité par la loi à 130 jours par an, mais les contours exacts de sa mission et de son calendrier restent flous. Le « gros du travail » de création du DOGE serait terminé selon lui, ouvrant la porte à un désengagement relatif. Pourtant, aucune confirmation n’a été donnée par la Maison-Blanche, qui garde un silence pour le moins gênant. Quelles conséquences cette incertitude a-t-elle réellement pour le futur de Tesla ?
Dans ce contexte chaotique, les priorités de Musk semblent plus que jamais tiraillées entre influence politique et réussite industrielle. Est-ce ce mélange des genres qui alimente la crise actuelle de Tesla, ou les défis seraient-ils tout aussi grands sans les aventures washingtoniennes de leur dirigeant ? Le fantôme du « Musk politique » hantera-t-il encore longtemps le constructeur californien au détriment de ses actionnaires, employés et clients ?
La question centrale demeure : Elon Musk sera-t-il capable de restaurer la confiance en Tesla en se retirant pour de bon de la politique, ou assiste-t-on simplement à un nouvel épisode de la saga Musk, dont l’imprévisibilité finit par devenir la seule certitude ?
Source : Techcrunch
