« Rien ne sert de courir, il faut vendre à point. » Si Jean de La Fontaine avait vécu l’ère de l’électrique, nul doute qu’il aurait ajouté quelques strophes à l’égard de Tesla, ce lièvre de la mobilité verte qui, ces temps-ci, semble plutôt coincé sur la ligne de départ.
Pas de panique, la fusée de Musk n’a pas complètement raté sa mission, mais son décollage est nettement moins impressionnant cette année. Avec seulement 337 000 véhicules livrés au premier trimestre 2025 et un bénéfice net qui plonge de 71 %, Tesla a dû sortir la carte magique des crédits à émissions zéro pour éviter la panne sèche. Sans ces 595 millions de dollars venus des crédits verts, l’entreprise aurait goûté au doux parfum du déficit. Comme quoi même les supercars électriques aiment un bon coup de pouce fiscal.
Mais, tenez-vous bien, pendant que la calculette chauffait, Wall Street s’est pris d’un amour subit pour Tesla… du moins, pour ses promesses. Pourquoi craindre la réalité morose des chiffres quand Elon Musk annonce une voiture électrique abordable pour juin et jure (presque) de moins se disperser avec ses autres occupations gouvernementales au doux nom de Department of Government Efficiency (DOGE) ? Après tout, la patience, c’est la clé, non ?
Rien n’est jamais aussi compliqué que la feuille d’un bilan financier, surtout quand elle cache des plans secrets en coulisses.
Surprise, Elon garde un pied dans son DOGE et un autre dans sa Model Y : il sera là « autant que nécessaire » Trump-temps. Ajoutez à cela d’étranges vents contraires pour Tesla, entre guerre commerciale made in Trump, tarifs en hausse, et popularité du patron en chute libre suite à ses penchants politiques très marqués. La marque californienne avertit que tout cela pourrait faire beaucoup de mal, surtout à son business énergétique, déjà plus fragile que ses voitures.
Tesla continue pourtant à sortir la carte du mystère, promettant des modèles plus abordables dont la production commencerait mi-2025. Contrairement à une rumeur persistante (coucou Reuters), Elon Musk martèle que rien n’est décalé, foi de tweetos. Là où ça pique un peu, c’est que ces modèles low-cost naîtront sur les mêmes chaînes que les vénérables Model 3 et Y : l’innovation, oui, mais sans changer l’outillage — c’est le genre de mise à jour qui s’installe en Bluetooth.
Mais derrière le rideau de fumée marketing, la réalité ne fait pas honneur à la Tesla Dance. Le Cybertruck fait moins rêver que prévu, la gamme vieillit comme un smartphone bloqué sous Android 4.2, et le Robotaxi avance à grandes promesses, mais à petits détails. Musk promet même de le lancer dès juin à Austin. Même les robots Optimus et l’intelligence artificielle maison font rêver investisseurs et journalistes à la recherche de punchlines, mais les analyses internes sont formelles : avant d’être rentable, le taxi-robot devra enchaîner beaucoup – mais alors beaucoup – de kilomètres gratuits.
Et pendant ce temps, Tesla tente de retrouver le sourire côté finances. L’an dernier déjà, elle se débattait avec une chute de 55 % de son bénéfice au premier trimestre, puis encore 45 % au trimestre suivant, à coups de restructurations et de crédits réglementaires records. Bref, le vaisseau Tesla continue de voguer, mais on dirait bien qu’il a perdu ses supers pouvoirs… du moins, jusqu’au prochain coup de théâtre d’Elon Musk !
Après tout, chez Tesla, quand le compte n’est pas bon, il vous reste toujours le Dogecoin… ou le coup d’avance du patron. En bourse, il paraît qu’on appelle ça un Musk-à-miracles.
Source : Techcrunch
