« Si je voulais voir du spam, j’irais fouiller ma boîte mail des années 2000 ! » Oui, avouons-le, le fil Facebook, c’est un peu devenu la brocante du web : entre les recettes de pain perdu en 12 étapes, les posts avec des phrases dignes de fortunes cookies et les vidéos d’animaux qui font du yoga (merci, l’IA…), il faut parfois sortir la loupe pour retrouver la publication d’un ami perdu de vue. Mais rassurez-vous, chers scroll-addicts, Meta vient d’avouer l’impensable : Facebook est infesté par le spam, et il paraît que ça va (enfin) changer !
Dans un rare moment d’auto-dérision (ou de prise de conscience tardive ?), Meta annonce vouloir s’attaquer à la racaille du fil d’actualité : adieu (ou presque) aux créateurs qui inondent le réseau de légendes longues comme un dimanche sans pain, ou dont les textes n’ont aucun rapport avec les images partagées. Pas de pitié non plus pour ceux qui coordonnent de fausses interactions ou fabriquent des réseaux de spams pour doper artificiellement leur notoriété – Meta promet que leur visibilité va fondre, tout comme leur porte-monnaie, puisqu’ils ne pourront plus monétiser leur contenu.
Pour réguler tout ce beau monde, Facebook teste aussi la possibilité de “downvoter” anonymement des commentaires jugés inutiles – la petite vengeance geek qui fait du bien. Et dans un retour aux sources nostalgique, Mark Zuckerberg tente de ramener les jeunes adultes en ressuscitant l’onglet “amis”, comme à l’époque sacrée de l’OG Facebook (Original Générosité ?). Manque tout de même une update cruciale dans la communication de Meta : rien sur le fléau du moment, l’« AI slop »… Vous savez, ces images générées par intelligence artificielle tellement absurdes qu’elles donnent l’impression que Salvador Dalí et un bot se sont enfermés dans une salle noire pour réinventer le web.
Meta promet de nettoyer Facebook, mais la vraie question c’est : l’algorithme peut-il résister à l’humour douteux du spam ?
Pour les non-initiés, l’AI slop, c’est ce nouveau sport national subventionné par les algorithmes : des images sans queue ni tête, comme le fameux « Shrimp Jesus » (si, si !), conçues uniquement pour récolter de l’engagement, générer des revenus ou manipuler la visibilité… souvent avec la complicité involontaire de l’algo Facebook, qui, visiblement, a un fort penchant pour l’absurde. Tout cela a été bien documenté par nos collègues de 404 Media.
Mais l’AI slop n’est qu’une partie du problème. Les publications naseabondes pullulent : screen captures vieillissantes de Reddit, vieux gossips recyclés à l’infini sur des stars égarées, ou posts “commente amen” et énigmes mathématiques simplistes… Le coffre aux trésors est rempli de bibelots. Selon les propres rapports de Meta (widely-viewed content report), ce sont ce genre de publications insipides qui trustent les podiums du fil d’actualité.
Meta, dans une ultime touche de bonne volonté, propose d’« élever » les créateurs qui partagent du contenu original en sanctionnant les voleurs de contenus. Bonne initiative… mais vu que générer de la soupe à l’IA prend 5 secondes et un clavier, alors que fabriquer du contenu authentique demande des sueurs et de l’imagination, la bataille s’annonce longue, très longue…
Alors, Facebook va-t-il enfin redevenir ce salon où l’on croise de vraies idées, plutôt qu’un marché de spams et de posts stériles ? L’intention est là, mais l’algorithme sera-t-il aussi docile qu’annoncé ? On croise les doigts : après tout, pour que Facebook arrête de spammer, il va falloir… qu’il mette son fil à la patte !
Source : Engadget