« Qui veut aller loin ménage… ses offres d’achat ! » Ah, les ventes aux enchères de startups en faillite, c’est comme le Monopoly, sauf que personne ne tombe vraiment sur la case “parc gratuit”. Et dans ce bel épisode de “Qui veut la peau de Canoo ?”, ce n’est pas un milliardaire Texan ou un fonds souverain du Moyen-Orient qui met la table, mais… Charles Garson, un mystérieux investisseur londonien dont la base de données Google semble, elle aussi, en liquidation.
Dans le grand théâtre de la tech en difficulté, Canoo, une startup EV américaine, s’apprêtait à voir ses actifs rachetés par son propre PDG, Anthony Aquila, pour la modique somme de 4 millions de dollars en cash et l’effacement de 11 millions de dollars de prêts qu’il lui avait “si gentiment” consentis via sa propre société financière. Mais voilà que débarque Garson, qui sort de nulle part, une valise pleine de 20 millions, prêt à racheter les actifs façon coup de théâtre. On parle d’un surenchérisseur qui double la mise et relance la partie… sauf que le croupier, le fameux administrateur judiciaire, n’a pas laissé le temps à James Bond de montrer son jeu.
Selon Garson, tout le monde s’était mis d’accord pour lui laisser boucler son offre d’ici la fin du mois d’avril. Manque de bol, deux jours après cette promesse, la vente était conclue à Aquila, le PDG — qui en sort gagnant comme quand on s’invente une règle maison au jeu du banquier. Ni Garson ni son avocat n’ont reçu de réponses à leurs multiples tentatives de contact, sans parler du silence radio complet côté administrateur judiciaire. Ambiance “call me, maybe… or don’t”.
Une bataille de millions, des candidats masqués, mais au final, c’est toujours celui qui connaît les règles par cœur qui rafle la mise.
Charles Garson n’est pas le seul à crier à l’injustice : Harbinger Motors, une startup EV menée par d’anciens de Canoo (on dirait un spin-off un peu vexé), s’était aussi opposée à la vente. Elle a saisi la justice d’un appel, espérant que le juge ne joue pas les “autopilotes” en faveur du patron actuel.
Ce mystérieux Garson, qu’on devine plus à l’aise avec les immeubles londoniens qu’avec les moteurs électriques, reste une énigme : son profil LinkedIn est aussi parlant qu’un doudou après 1 000 lavages, et la seule trace officielle, c’est la direction de Garland Holdings, une société immobilière. Pourquoi diable vouloir acheter Canoo ? Du goût pour les casse-têtes, sans doute, car toutes ses pièces justificatives sont classées “secret-défense” sous scellé.
D’après Garson, la procédure aurait été truquée, ou du moins précipitée : persuadé d’avoir le temps, il n’a pas protesté ni déposé formellement son offre, préférant peaufiner les points de détail. Sauf qu’en coulisses, la partie se jouait déjà, et le chef d’orchestre n’a attendu aucun solo inattendu.
À noter qu’au moins huit candidats potentiels ont signé des accords de confidentialité pour examiner les actifs de Canoo avant la vente. Mais peu ont vraiment sorti le carnet de chèques, certains étant recalés pour cause de “propriétaires trop étrangers”, ce qui, pour une voiture électrique, est tout un paradoxe : chez Canoo, on préfère sans doute que l’énergie vienne du coin !
Au final, entre manœuvres subtiles et jokers cachés, on se rend compte qu’au tribunal comme au casino, il vaut mieux n’avoir ni les yeux plus gros que le volant, ni les mains trop lentes sur le buzzer… Car dans ce feuilleton judiciaire, ce n’est pas l’offre la plus généreuse qui l’emporte, c’est souvent celle qui connaît déjà le concessionnaire.
Source : Techcrunch