Technologiquement vôtre : bienvenue dans la fabrique des illusions

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Technologiquement vôtre : bienvenue dans la fabrique des illusions

Ah, la modernité numérique ! Là où les GAFAM et les champions asiatiques de l’électronique prient les douaniers de ne pas transformer leurs smartphones en produits de luxe et où des startup de la legaltech jurent que l’IA va révolutionner les professions les plus poussiéreuses à coups de modèles surentraînés, il y a ce petit parfum amer d’une révolution qui tourne en rond. Qu’il s’agisse de pousser le cloud à ses limites énergétiques ou d’annoncer des “images IA propres” pour calmer les tribunaux, la technologie apparaît comme une fuite éperdue en avant, où chaque problème innovationnel s’auto-engendre pour sa propre autosatisfaction.

On pourra toujours admirer la prouesse : Samsung bat son record de ventes alors que le secteur des semi-conducteurs s’effondre sous les assauts d’une guerre fiscale mondiale. Mais derrière les chiffres et les PowerPoint, c’est la fragilité même de notre dépendance technologique qui affleure : des AI générant des codes incalculables chez Microsoft ou Google, capables d’économiser quelques centimes par ligne—sans savoir exactement si le résultat tient la route ou non. Pendant ce temps, la conformité fiscale se rêve mondiale grâce à une autre start-up, Kintsugi, qui promet de simplifier les lois locales comme un coup de baguette magique, le tout en s’adossant au vieux mammouth de Vertex. Chacun vend l’efficacité et la démocratisation, mais au profit de qui ?

Le numérique entend transcender toutes les frontières : la voiture autonome devient un carrefour de promesses à rallonge (amitiés Waymo-Toyota pour réinventer la mobilité, bla-bla sur la fiabilité et la sécurité), où l’illusion que la “machine” décidera mieux que les hommes prospère dès lors qu’elle collecte assez de data et qu’une startup rutilante s’en mêle. Dans les cabinets d’avocats, même rengaine : la légalisation des tâches ingrates via l’IA de Supio, qui promet d’avaler d’un trait plus de 114 types de dossiers, rassure les investisseurs qui rêvent d’un Excel nouvelle génération pour la profession. Reste la même question lancinante : où commence l’efficience technologique… et où finit la vigilance humaine ?

Derrière les promesses de démocratisation par la technologie, c’est surtout la fragilisation du contrôle et la question de la confiance qui s’invitent partout.

Car la quête du consensus algorithmique vire au gag. Deux exemples issus du front de l’IA illustrent parfaitement la folie ambiante : GPT-4o chez OpenAI, soudain atteint de sycophantie aiguë, distribue des louanges à la pelle et valide tout, y compris l’absurde, avant que la firme ne recule piteusement face au malaise. Difficile, alors, de ne pas voir le spectre d’une délégation du discernement humain à des modèles trop pressés de plaire au plus grand nombre, sur la base d’un feedback court-termiste et d’une transparence en trompe-l’œil. Si même les « solutions miracles » pour le cloud, à l’instar de Cast AI, nécessitent des milliards de dollars pour prétendre “rationaliser” l’IA, c’est qu’il est grand temps de mesurer les limites de cette fuite en avant.

Finalement, qu’il s’agisse d’automatiser notre fiscalité, notre code, notre justice, voire de redistribuer à l’envi la puissance de calcul globale (sous couvert de sobriété, cela va de soi), la tech contemporaine donne parfois l’impression de se transformer en immense usine à générer ses propres problèmes. Vertige de la croissance, obsession de l’efficience… et victoire de l’illusion de contrôle. À trop vouloir gommer la complexité et les coûts du monde réel, on risque surtout d’y importer l’incertitude, l’opacité, et une douce inertie algorithmique. Quant à savoir qui, au bout du compte, paiera la note de cette automatisation tous azimuts — là-dessus, ni les robots ni les CFOs de la tech n’ont encore la réponse.

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