« Il n’y a pas de fumée sans capteurs. » Voilà un vieil adage… enfin, surtout dans la tech ! Aujourd’hui, ce n’est pas la brume qui flotte sur les routes, mais une petite tempête chez Luminar, le roi du lidar pour véhicules autonomes, où le fondateur emblématique, Austin Russell, semble avoir dû rendre les clés de sa voiture de fonction (sans chauffeur autonome, s’il vous plaît).
C’est lors d’un mercredi décidément bien chargé – publication des résultats du premier trimestre, soyez attentifs – que le conseil d’administration de Luminar annonce fièrement un changement de pilote : exit Russell, entrée en scène de Paul Ricci, ancien maestro chez Nuance. Quand on vous dit que la tech adore les rebondissements, ce n’est pas pour rien !
Le communiqué de presse officiel, tout en politesse, explique que Russell a « démissionné » de son poste de président-directeur général et de président du conseil, effet immédiat. Cependant, derrière les formules suaves, impossible de trancher entre le “je pars la tête haute” ou le “on me montre la sortie, version tapis discret”. Il est simplement précisé qu’une enquête sur l’éthique des affaires, initiée par le comité d’audit, est passée par là. Pas de frais financiers à signaler selon le board — alors pourquoi tant de mystère ?
On dirait bien que chez Luminar, la technologie est transparente, mais la communication beaucoup moins.
Le spectacle continue : dans la même journée, le rapport financier trimestriel – orné d’une déclaration pleine d’entrain signée Russell, comme si de rien n’était – ne souffle mot de ce changement de direction. Où est passé l’avis de tempête ? Dans sa déclaration, Russell joue le capitaine résolu, lançant des phrases du genre « ramp up la production, ramp down les coûts »… Mais dans les coulisses, c’est Ricci qui vient remettre le GPS stratégique sur zéro.
Pour l’instant, le mystère plane : Austin Russell a-t-il été poussé ou parti de son propre chef ? Silence radio de son côté. Seule certitude : il reste membre du conseil et jouera le conseiller technique le temps du passage de flambeau. On imagine bien les réunions Zoom autour d’un latte, entre l’ex-enfant prodige et le nouveau boss, à comparer leurs historiques Google.
Ce coup de théâtre n’enlève rien au parcours éclair de Luminar, qui avait fait une entrée fracassante dans le domaine des véhicules autonomes en 2017, alors que Russell n’avait que 22 ans. Passé du statut de prodige bénéficiant de la bourse Thiel (100 000 $ pour zapper les bancs de la fac, rien que ça) au golden boy du SPAC en 2021, Russell incarnait à lui seul la success story Silicon Valley — au moins jusqu’à aujourd’hui.
Le conseil d’administration, manifestement décidé, vante déjà la vision et l’expérience de Paul Ricci, persuadé que cette nouvelle direction propulsera Luminar bien au-delà du brouillard. Une page qui se tourne, donc, mais on n’a probablement pas fini d’entendre parler d’Austin. Qui sait, le prochain épisode sera peut-être aussi inattendu qu’un bug lors d’une mise à jour Windows.
Morale de l’histoire : dans la tech comme sur l’autoroute, on n’est jamais à l’abri d’un petit retournement… de capteurs.
Source : Techcrunch