« On n’arrête pas le progrès… mais on peut toujours le ralentir avec un bon gros dossier réglementaire. » Voilà une maxime que beaucoup d’investisseurs européens pourraient réciter en choeur, surtout Sonali De Rycker, la grande cheffe d’orchestre du capital-risque chez Accel, croisée récemment lors d’une soirée TechCrunch StrictlyVC à Londres. Son enthousiasme pour l’IA made in Europe est palpable – mais attention, trop de règles, et tout le monde fait du surplace !
D’après De Rycker, l’Europe a le kit du parfait champion numérique : des startups visionnaires, des écoles de pointe, du capital qui coule presque à flot et une armée de talents aussi affûtés qu’une Tesla neuve. Bref, il ne manquerait qu’un gros bouton rouge « Lâcher les chevaux ». Et devinez quoi ? Ce bouton semble coincé dans un océan de paperasse réglementaire digne d’un épisode spécial de “Cauchemar en Commissariat”.
De Rycker ne nie pas l’utilité de la régulation, surtout pour éviter que l’IA ne devienne le nouveau Far West. Mais elle déplore que la très ambitieuse loi européenne sur l’intelligence artificielle fasse planer sur le Vieux Continent l’ombre d’une amende XXL à chaque pas de travers. Résultat : la prise de risque, ingrédient magique pour que les startups explosent vraiment, pourrait finir enfermée dans le placard.
L’Europe a tous les atouts pour réussir, à condition de ne pas transformer l’IA en “Interdiction Automatique”.
L’urgence est réelle : pendant que l’Europe fignole ses textes de lois, la géopolitique se réchauffe, la protection américaine se fait moins présente et les startups ont le moral qui tangue entre ambition et procrastination réglementaire. L’idée de standardiser les règles du jeu avec ce fameux « 28ème régime » (non, ce n’est pas un nouveau programme minceur, mais un projet d’harmonisation business) pourrait bien éviter aux entrepreneurs de traverser l’Europe avec un manuel juridique dans chaque main.
Ce n’est pas tout : l’écosystème européen commence, pour de vrai, à envoyer du lourd. Entre Zurich, Paris ou Londres — nids à cerveaux dopés à l’algorithme — on voit fleurir de petites Silicon Valleys locales. Mais De Rycker remarque qu’aux États-Unis, les clients ont moins peur de prendre l’IA pour cobaye : là-bas, on expérimente, on dépense, et la roue de l’innovation tourne sans relâche… alors qu’ici, on hésite à plonger.
Pas question pour Accel de rester sur la touche : ils préfèrent miser sur les applis concrètes, de Synthesia à Speak, plébiscitées par le marché… et les investisseurs. Oubliez les titans façon OpenAI, trop gourmands en capitaux : chez Accel, on préfère les startups bien agiles qui transforment notre quotidien sans vider le budget d’un État (au moins, pas tout de suite).
Mais attention : pour Sonali De Rycker, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation réglementaire. Aujourd’hui, l’Europe est à un tournant. Trop serrer la bride, et c’est le risque de rater le train du “supercycle” techno. Mais si le Vieux Continent apprend à lâcher la soupape, il pourrait mener la danse. Après tout, comme elle le rappelle malicieusement, les fondateurs européens n’ont rien à envier à leurs cousins Américains : il suffit d’oser l’étincelle… sans finir à l’ombre d’une décision administrative !
Alors, amis régulateurs : attention, à trop vouloir “bloquer l’IA”, c’est le génie qu’on risque d’enfermer… dans la lampe !
Source : Techcrunch