« Pour viser la Lune, il faut parfois rater quelques étoiles. » Voilà qui aurait pu consoler n’importe quel astronaute japonais déçu… ou journaliste tech en manque d’inspiration cosmique. Eh bien, accrochez vos ceintures (et vos blagues lunaires) : la société japonaise ispace est de retour dans la course, et leur vaisseau Resilience fait le tour de la Lune avec une témérité qui impressionnerait même un lapin crétin.
Après une première tentative de poser un robot sur notre satellite naturel—qui s’est soldée en avril 2023 par une panne de carburant et un crash assez… « lunaire »—ispace revient, gonflée à bloc. Leur atterrisseur rebaptisé Resilience sifflote désormais autour de la Lune à 100 km d’altitude, immortalisant l’exploit avec un selfie spatialisé montrant au passage son micro-rover Tenacious, bien à l’abri comme un sushi dans sa boîte.
Ce retour près du cratère central de Mare Frigoris est aussi la conséquence d’un choix plutôt judicieux : pour éviter la panne sèche, ispace, en partenariat avec l’agence spatiale japonaise JAXA, a préféré un trajet plus lent mais bien moins gourmand en carburant. Pendant que le Blue Ghost de Firefly Aerospace carburait à fond pour se poser en douceur dès mars dernier, Resilience a pris son temps—quatre mois pour jouer la carte de l’économie. La vraie slow-tech est peut-être made in Japan.
Pas besoin de GPS sur la Lune, il vous suffit de 239 000 miles de calculs et beaucoup de sang-froid…
L’atterrissage, prévu le 5 juin (attention au décalage horaire pour nos amis du Soleil-Levant), sera retransmis en direct pour les terriens désireux de vibrer devant une mission à haut risque. Car, on ne le répétera jamais assez : se poser sur la Lune, c’est tenter un créneau sans freins, sans GPS et à 380 000 km de la maison. Même la NASA sue à grosses gouttes à chaque descente.
Et pour couronner le tout, si Hakuto-R pose ses roues (ou plutôt ses pattes robotiques) sans encombre, il ne se tournera pas les circuits : deux semaines d’expérimentations scientifiques attendent la sonde avant de sombrer dans une sieste cryogénique. La nuit lunaire, c’est -270°C, soit bien plus glacial qu’un open space en climatisation extrême. Bref, même les robots japonais, d’habitude increvables, n’y résistent pas.
Depuis son cockpit loin, très loin de Tokyo, l’équipe d’ispace multiplie les manœuvres de correction de trajectoire. Le tout sous l’œil bienveillant de son PDG, Takeshi Hakamada, qui glisse en substance : « On n’est pas là pour s’écraser deux fois, merci les leçons de la dernière gamelle. » On sent que chez ispace, l’échec n’est qu’une rampe de lancement améliorée.
Peu importe le résultat, l’audace est là. Comme l’a justement rappelé le chercheur Yuichi Tsuda : seuls ceux qui rêvent vraiment risquent la chute et peuvent espérer décoller encore plus haut. Allez Resilience, fais-nous rêver — mais évite quand même la mauvaise blague du « moonwalk » sur la tête cette fois !
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts et à souhaiter que Resilience fasse une arrivée en douceur. Parce qu’après tout… mieux vaut poser que de rester dans le gaz — surtout sur la Lune !
Source : Mashable