Le monde de la tech ferme-t-il désormais la porte aux jeunes diplômés ? Depuis quelques mois, la question inquiète autant les étudiants prêts à entrer sur le marché du travail que les écoles qui les forment. Pourquoi, alors que la technologie semble façonner chaque aspect de notre quotidien, les offres d’emploi à destination des nouvelles recrues se font-elles rares ?
Selon LinkedIn et un rapport de SignalFire, la réalité est froide et documentée : depuis 2019, l’embauche de jeunes diplômés par les 15 plus grands acteurs tech a chuté de plus de 50%. Que signifient ces chiffres ? Avant la pandémie, ces jeunes représentaient 15% des embauches ; aujourd’hui, à peine 7 %. La “première marche” du secteur, autrefois un tremplin rêvé, est-elle en train de disparaître sous nos yeux ?
Derrière cette contraction drastique se cache un phénomène bien plus large : l’automatisation et, surtout, l’ascension fulgurante de l’intelligence artificielle. Les postes d’entrée de gamme, souvent considérés comme de simples entrées en matière dans l’industrie, sont désormais les premières victimes des algorithmes. À qui profiteront ces économies de postes, sinon aux investisseurs et actionnaires ? Les jeunes diplômés trouvent-ils encore de la place dans cet écosystème de plus en plus élitiste ?
L’érosion des opportunités d’entrée de gamme révèle à quel point l’IA bouleverse la structure même du marché du travail technologique.
Faut-il pour autant céder à la sinistrose ? Pas si vite : les emplois tech, bien que plus rares chez les géants de la Silicon Valley, se diffusent désormais dans tous les secteurs, du commerce à la santé, en passant par la finance. Selon les projections, plus d’un million de nouveaux postes seront créés d’ici 2034. Mais qui en bénéficiera vraiment ?
Autre élément à la fois rassurant et préoccupant : le taux de chômage des développeurs demeure bas, à 2,2%. Pourtant, l’employabilité a changé de visage. Les entreprises recherchent aujourd’hui quasi systématiquement une expérience en IA, compétence désormais exigée dans un quart des nouvelles offres d’emploi. Est-ce une barrière infranchissable pour ceux qui n’ont pas eu accès à ces connaissances ?
Les formations traditionnelles sont-elles en train de devenir obsolètes ? Avec 87% des recruteurs privilégiant l’expérience en IA, la sélection n’a jamais été aussi forte. Les universités et écoles d’ingénieurs sauront-elles adapter leurs programmes à cette nouvelle donne, ou une génération entière risque-t-elle d’être sacrifiée à la course à l’innovation ?
Face à l’incertitude, une question demeure : la tech restera-t-elle un eldorado accessible aux jeunes talents, ou sommes-nous en train d’assister à la privatisation du futur par l’intelligence artificielle ?
Source : Techcrunch