« Dans la tech, il faut savoir garder ses secrets… mais visiblement, personne n’a lu le mode d’emploi. »
Bienvenue dans l’arène du HR Tech où, depuis quelques mois, Deel et Rippling se livrent à un duel digne d’un épisode de téléréalité : coups bas, suspicions d’espionnage industriel, allégations d’enfants cachés (OK, ça on l’invente, mais on n’est pas loin du feuilleton). Dernier rebondissement : Deel vient de déposer une plainte amendée qui transforme la rivalité en véritable jeu de miroirs. Chacun accuse l’autre de regarder en douce dans ses dossiers… et pas seulement par-dessus l’épaule à la machine à café.
Petit rappel des épisodes précédents : Rippling a lancé les hostilités au printemps, accusant Deel de l’avoir fait espionner par l’un de ses propres employés sur la scène judiciaire irlandaise – ambiance ‘James Bond débarque à Dublin’. Deel, vexé, a répliqué avec une contre-attaque judiciaire pleine de révélations croustillantes : « Mais c’est toi qui as commencé à espionner, vilain copieur ! ». Et pour appuyer ses dires, Deel jure qu’un agent de « Competitive Intelligence » chez Rippling s’est fait passer pour un client pendant six mois juste pour s’informer sur leurs produits et méthodes. Si ça ce n’est pas de l’infiltration à la sauce GAFAM…
Au royaume des licornes, il semblerait que qui espionne sera espionné !
Et comme si le scénario manquait de rebondissements, Deel n’hésite pas à taquiner Parker Conrad, le patron de Rippling, en rappelant ses casseroles passées chez Zenefits et en suggérant qu’il n’a pas digéré certains démêlés avec Andreessen Horowitz (le fameux investisseur détenant 20 % de Deel). La plainte va jusqu’à expliquer cette guéguerre par de vieilles vendettas financières, tout en dénonçant, cerise sur le gâteau, que Rippling propagerait de fausses rumeurs à la presse et aux régulateurs…
Tiens, justement : c’est suite à une enquête bien réelle, relayée en 2023 par le sénateur Adam Schiff sur la façon dont Deel recrutait ses travailleurs, que DeeI a commencé à se sentir scrutée de tous côtés. L’entreprise assure qu’il n’y avait rien à redire, et, au passage, glisse subtilement que tout roule sur le plan financier (plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel, histoire de rappeler que les feux de l’amour n’entament pas la croissance).
Rippling, pour sa part, tempère à grands coups de communiqués lénifiants en mode « la concurrence oui, mais jamais sans éthique ! ». Ils ajoutent aussi que Deel a revu certaines de ses accusations à la baisse… Mais qui croit encore à la pureté virginale des start-ups milliardaires lorsqu’il s’agit de tacler la concurrence ?
Au final, si les accusations paraissent symétriques, les méthodes divergent : Rippling accuse Deel d’avoir enrôlé un vrai-faux collègue pour remonter des infos ultra-sensibles (roadmaps, clients, secrets de fabrication). Deel, lui, reproche à Rippling d’avoir joué l’espion ‘à l’ancienne’ : acheter le produit, ausculter les fonctionnalités, faire des retours entre collègues pour doper leurs propres services. Une pratique banale ? Peut-être. Mais la frontière entre benchmark et infiltrations malhonnêtes pourrait se redéfinir à l’issue du procès.
Quoi qu’il en soit, cet imbroglio offre déjà son lot de memes et de légendes urbaines dans le petit monde de la tech. À tel point que de jeunes pousses du secteur s’empressent de tourner en dérision ces histoires de téléphones cassés, de pièges à espions et de honeypots. Un feuilleton à suivre… Et la prochaine fois qu’un concurrent achète votre SaaS, demandez-vous : est-il venu pour l’onboarding, ou pour l’espionnage ?
Allez, dans cette Silicon Valley où chacun finit par être « ripplé » par les ondes de l’autre, une chose est sûre : mieux vaut ne pas Deel-er avec le diable !
Source : Techcrunch