« Voulez-vous un bébé avec des yeux bleus, 180 de QI, et zéro risque d’allergie aux cacahuètes ? Cochez la case, ajoutez au panier, c’est livré en 9 mois chrono. » — Le futur, selon Nucleus Genomics (ou presque).
La société Nucleus Genomics, menée tambour battant par le génie tout juste majeur Kian Sadeghi (25 ans et déjà perturbateur… pardon, entrepreneur), s’est offert un polar génétique digne des meilleurs blockbusters. À sa genèse, une volonté louable : informer les patients de leurs risques face à certaines maladies. Mais dernièrement, Nucleus a appuyé sur le bouton « turbo controverse » en annonçant, sur X, son tout nouveau bébé : Nucleus Embryo.
Le lancement, accompagné d’un tweet au parfum d’absence de modestie, promettait aux parents une technologie façon baguette magique pour faire le « meilleur choix » parmi leurs futurs enfants nés par FIV. Couleur des yeux, taille, QI, anxiété ou même TDAH : il y aurait un menu pour tout, sauf peut-être pour le sens de l’humour.
Quand la génétique tombe dans le marketing, la nature n’a qu’à bien se tenir… et nous aussi.
Attention, ce n’est pas de la magie noire, ni même la matrice : ces tests génétiques reposent en réalité sur les « scores polygéniques », c’est-à-dire de savants calculs statistiques qui évaluent la probabilité qu’un gène influence une caractéristique ou une maladie. Un peu comme la météo : ça donne une tendance, mais vous ne jurez pas que votre barbecue du dimanche sera solaire. Et la communauté scientifique est unanime : niveau fiabilité pour un individu, il va falloir patienter… ou prier pour que l’algorithme ne confonde pas intelligence et amour des devinettes.
Nucleus le sait, et se défend studieusement en brandissant des publications sur le dépistage des maladies communes. Mais la différence avec les tests classiques est de taille : ici, il n’est plus question de diagnostiquer une mutation unique dévastatrice, mais d’orienter la sélection de bébés selon un « profil génétique » fait de probabilités et de beaucoup, beaucoup d’incertitudes.
Évidemment, Internet a explosé. Entre effroi, scepticisme et crise existentielle (Noah, prépare l’arche !), la société s’attire déjà l’opprobre de nombreux scientifiques et investisseurs, qui s’inquiètent de la promesse de bébés « sur-mesure ». Et même si aujourd’hui Nucleus n’effectue pas vraiment les tests en partenariat avec les cliniques FIV – pour l’instant, on parle surtout d’un business de traitement de données — la fiction rejoint dangereusement la réalité dans l’imaginaire collectif.
Mais Sadeghi, jamais à court d’argument, ramène le débat à l’histoire : « Hier, la FIV faisait scandale, aujourd’hui elle fait des heureux. Pourquoi la “génétique augmentée” ne finirait-elle pas aussi banalisée ? ». On peut en douter, car si la génétique se vend bientôt au kilo, gare à la chute de la sélection naturelle dans les rayons promo…
Morale de l’histoire : dans le monde merveilleux du bébé sur catalogue, il vaudrait peut-être mieux garder le mode aléatoire. Après tout, si la génétique était vraiment prédictive, tout le monde aurait hérité du sens de la répartie d’un humoriste un peu taquin. Et cela, aucun score polygénique ne l’a prévu…
Source : Techcrunch