Roll-up, patchwork et pions de la tech : bienvenue dans l’innovation oligarchique !

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Roll-up, patchwork et pions de la tech : bienvenue dans l’innovation oligarchique !

Si l’on doutait encore que notre époque navigue entre dystopie algorithmique, capitalisme branché et quête existentielle pour “plus de sens” dans la tech, il suffit de jeter un œil à la tambouille de cette semaine : entre la sauvage stratégie du roll-up à la sauce IA façon Elad Gil, la quête de la justice antitrust contre Google, le bal des conférences IA orchestrées par TechCrunch, la lutte syndicale chez Microsoft-ZeniMax et la valse des réseaux sociaux – tout ça n’est, au fond, qu’une gigantesque partie d’échecs sur laquelle chaque pion rêve secrètement de devenir reine.

Prenons l’obsession contemporaine des gourous du roll-up IA : Gil veut “optimiser” la moelle de sociétés bien humaines jusqu’à ce que la chair devienne data. N’est-ce pas précisément ce qui se joue ailleurs, sous couvert d’innovation et d’accessibilité clean-room : chez Google, où la défense du monopole s’habille en plaidoyer pour la “protection du consommateur”, pendant que Sam Altman se rêve en saltimbanque du capital social et que, dans le jeu vidéo, des testeurs QA arrachent laborieusement un semblant de progrès social à la Silicon Valley ? À chaque coin de la tech, la même recette : disruption, storytelling et baston pour le contrôle, mais toujours sous le vernis mielleux du progrès collectif.

L’événementiel IA tel que le promeut TechCrunch n’y échappe pas. Un quiz par-ci, une Badge de networking par-là : faut-il vraiment miser sur la gamification pour faire avancer la connaissance ou, plutôt, pour filtrer subtilement qui reste dans la salle des machines et qui partira ramasser les miettes du buffet ? À mesure que les insiders s’entourent de nouveaux rituels d’exclusivité, le marché “s’ouvre”… en se refermant sur une nouvelle élite, celle qui pitche le mieux, qui buy the dip, qui sème la hype – quitte à laisser sur le bas-côté tous ceux qui ne parlent pas fluent “Transformer model”.

Partout où l’on promet la révolution technologique, on retrouve les mêmes lignes de fracture : innovation réelle ou packaging cosmétique, démocratie numérique ou retour des oligarchies masquées.

Le paradoxe n’a jamais été aussi flagrant qu’avec Microsoft qui, sous couvert d’avancées sociales, plante un syndicat QA chez ZeniMax pendant que l’IA rôde aux portes de leur métier ; ou avec Google, qui, condamné pour monopole, connaît l’impunité des géants, prêt à céder Chrome à OpenAI ou autre… histoire de voir le trône passer d’un seigneur à l’autre sans qu’aucune justice ne perce au fond du jeu. Au final, l’intelligence artificielle, la syndicalisation, la promotion de la diversité et même la gouvernance des réseaux sociaux (bonjour Bluesky, salut X) ne sont que les variables d’ajustement d’un système qui a compris qu’il faut muter sans arrêt pour conserver son pouvoir intact – à défaut de son humanité.

On pourrait croire que chaque avancée signe la fin d’une époque et le début d’une vraie révolution. Pourtant, le réel progrès, c’est peut-être d’arrêter de croire, naïvement, que la technologie se réforme toute seule et que la démocratisation, la justice ou l’éthique adviendront magiquement par “disruption”. Reste à voir si la société saura reprendre la main sur cet écosystème où chaque innovation s’accompagne, invariablement, de nouveaux verrous.

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