« Si vous pouvez traverser Times Square à l’heure de pointe sans perdre votre sang-froid… essayez donc d’y déployer une voiture autonome. » Voilà un défi dont Waymo semble s’emparer, tout sourire électronique dehors. La filiale d’Alphabet s’apprête à braver non seulement la jungle urbaine de Manhattan, mais aussi la jungle administrative, en demandant officiellement un permis pour tester ses véhicules autonomes à New York. Préparez-vous, Big Apple : après les taxis jaunes et les vélos électriques, il est temps de goûter au charme (et au stress) du robotaxi !
Mais pas si vite ! Avant de voir des Jaguar I-Pace sans conducteur bourdonner entre les food trucks et les taxis pressés, il y a plus d’une étape à franchir. Conformément à la loi new-yorkaise, chaque véhicule devra encore garder un humain derrière le volant, histoire de rassurer les piétons et de montrer patte blanche aux régulateurs. Assurance costaud (coucou les 5 millions, ça sent le stationnement surveillé cher), formation béton et une main sur le volant obligatoires : la robotisation n’a rien d’automatique à NYC !
Pourquoi tant de résistance alors que d’autres villes américaines prennent déjà goût au sans-chauffeur ? New York, fidèle à sa réputation, ne fait jamais les choses à moitié. Ici, la moindre avancée nécessite plusieurs rounds avec les législateurs et une bonne dose de diplomatie. Certes, Waymo pousse fort pour faire évoluer le code de la route local (celui qui veut qu’une main humaine – ou prothétique, inclusif jusqu’au bout des doigts – reste sur le volant). Mais entre la paperasserie, les exigences et l’agitation urbaine, la route est encore longue…
Waymo a beau rêver de Manhattan sans conducteur, il reste un gros embouteillage réglementaire sur le chemin.
Heureusement, Waymo ne se contente pas de contourner les obstacles, il tente aussi de se faire des alliés. La société mise sur des partenariats locaux avec, par exemple, la National Federation of the Blind et le Bronx Community College, histoire de se construire une image de bon robot citoyen. Dans le jeu des relations publiques, Waymo espère « klaxonner » dans les bonnes oreilles pour accélérer le dossier, tout en insistant sur le bénéfice sociétal de ses services (réduire les accidents, faciliter le transport, etc.). Et tant pis si, pour l’instant, les voitures autonomes font plus office de stars en démo que de héros du quotidien new-yorkais.
La partie est loin d’être gagnée : d’autres, de Mobileye à Cruise, ont déjà tenté l’expérience… souvent pour s’en tenir à de modestes pilotes ou démonstrations. Il faut dire que New York, c’est un peu le niveau « boss » des jeux vidéo pour voitures autonomes : cyclistes téméraires, piétons imprévisibles, bouchons légendaires, et taxis prêts à tout. Même San Francisco, pourtant touffue, paraît reposante à côté !
Côté chiffres, Waymo n’est pas un petit joueur. Si la Grosse Pomme reste prudente, la filiale d’Alphabet roule déjà en mode 100 % autonome ailleurs : plus de 250 000 courses payantes par semaine à Austin, Los Angeles, Phoenix ou San Francisco. Et dire qu’il y a à peine quatre ans, les seuls véhicules Waymo à Manhattan servaient… à cartographier la ville, à la main (oui, oui !), deux humains à bord et pilote automatique au repos forcé.
L’histoire nous apprend qu’à New York, rien ne se fait sans discussions, compromis et, bien sûr, un zeste de spectacle. Waymo a le savoir-faire, l’assurance XXL et la diplomatie ; mais pour rouler librement dans les rues de Manhattan, il va lui falloir un plus qu’une bonne carte mère : beaucoup de patience… et probablement, un bon GPS politique ! En attendant, on peut dire que si la course s’annonce longue, au moins elle ne manque pas d’humour : Waymo veut révolutionner le taxi new-yorkais, mais pour l’instant, c’est surtout la ville qui lui fait faire du sur-place… au feu vert !
Source : Techcrunch
