Edito
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Double détonation, triple hypocrisie : la tech navigue entre illusion, promesse et dépossession

Dans le grand cirque technologique, l’illusion du progrès se dispute à la crise de confiance : que l’on parle d’amours algorithmées à la Lovable, de jeux-vidéo générés dans les laboratoires secrets de Google, ou de citoyens anonymes qui réinventent la dissidence numérique, la tech n’a jamais autant cherché à séduire, à surveiller… ni à rassurer. Les mondes que nous bâtissons – applications, mondes virtuels, clouds géants ou outils militants – ne sont-ils que le miroir déformant de nos ambitions, de nos peurs et de nos contradictions les plus tranchantes ?

La start-up Lovable promet l’amour sans peine : elle déboulonne le mythe du développeur insomniaque en facturant le bonheur digital à la tâche IA. Dans un même élan, Figma joue l’équilibriste, capitalisant sur l’innovation sans jamais perdre de vue la menace existentielle des IA concurrentes. L’amour du code a peut-être un prix (précisément deux milliards), mais le design, lui, vacille entre licorne et bulle fragilisée. Et dans la Silicon Valley, la bourse ne récompense que ceux qui dansent sur le fil du rasoir de l’innovation. L’innovation, justement, ne s’incarne plus seulement dans l’Eros de Lovable ou la grâce d’une interface Figma : elle s’infiltre dans nos loisirs avec les world models et la créolisation du jeu vidéo, où Google et DeepMind tentent de capturer la dynamique d’un réel entier, malléable, pixellisé à la demande et (presque) à la pensée.

Mais cette orgie de calcul et de promesses génère ses propres démons. Faut-il s’étonner que les compagnies aériennes tombent les unes après les autres sous les coups des hackers, tandis que Google, apôtre du cloud « vert », consomme l’équivalent électrique d’un État tout entier ? Cette énergie, rêvée décarbonée mais trop souvent grise, cache-t-elle l’envers toxique de nos songes numériques ? Plus fascinant encore : pendant que l’IA évince les sites d’actualités de la carte, que la musique outdoor devient une guerre du paraître sur fond de Bluetooth, la technologie se fait outil d’émancipation pour les citoyens en lutte : ICEBlock renverse, d’un clic, la logique du contrôle pour la rendre enfin réciproque. La surveillance devient désobéissance civile, assistée par algorithme.

Quand la technologie façonne aussi bien nos passions marchandes, nos divertissements, notre sécurité que nos révoltes, c’est la nature même de la société numérique qui vacille sur ses propres bases.

Embouteillage dans l’offre, inflation du streaming, « supernovas d’information » prêtes à exploser deux fois avant de se dissoudre dans l’infini : rien n’échappe à la logique d’accumulation, d’accélération, de démultiplication. Qu’importe, au fond, que nos outils soient plus intelligents voire plus militants que l’usager moyen, si derrière chaque gain d’efficacité ou d’autonomie algorithmique se profile la dépossession – la dépossession de la compréhension, du choix, de la valeur elle-même ? L’utilisateur d’aujourd’hui n’achète plus un service, il achète une promesse, souvent déceptive, de sécurité, d’amour, d’efficacité ou de révolte… et laisse ses données au passage, priant pour un semblant de contrôle. Les entreprises se préparent à des fusions à plusieurs milliards, les États à des bras de fer réglementaires.

L’époque est peut-être à la double détonation : explosion de l’offre, explosion des scandales, remises en question fondamentales du rôle même de la technologie dans la société. Peut-être qu’un avenir plus mature consisterait non seulement à questionner ce qu’on code ou consomme, mais pourquoi et pour qui. À moins que nous finissions par réaliser que le plus grand bug de l’histoire moderne n’est ni dans les serveurs ni dans les applications, mais dans le miroir de nos propres désirs technologiques ?

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