La grande illusion numérique : Révolutions, verrouillages et vaches à lait connectées

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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La grande illusion numérique : Révolutions, verrouillages et vaches à lait connectées

Dans le grand théâtre technologique contemporain, chaque acteur semble vouloir jouer la partition de la « révolution » – Nintendo promet sa Switch 2 comme un séisme vidéoludique, Kia lance la EV4 électrique en Amérique tandis qu’OpenAI inonde nos vies de nouvelles promesses IA, qu’il s’agisse de mémoire prolongée ou de « Flex processing » plus souple (ChatGPT Memory, Flex Processing). Mais à mesure que la poussière de ces annonces retombe, une étrange convergence se dessine : sous couvert de progrès, le consommateur est appelé à toujours plus de patience, de vigilance… et de dépenses.

Regardons les consoles et les voitures. Nintendo, maître es-marketing, fait de la rareté et du flou tarifaire sa nouvelle doctrine (Switch-back), tandis que Kia refuse obstinément de communiquer le prix de sa EV4 – la transparence serait-elle devenue obsolète dans l’ère post-algorithmique ? La réalité économique et politique (douanes, taxes, production délocalisée) devient le nouvel alibi de cette inflation déguisée, qu’il s’agisse d’une console de salon ou d’un véhicule futuriste. L’époque où la tech libérait semble évoluer vers celle d’un grand balancier : on démocratise (en surface), on verrouille (en coulisses).

Sur le front de l’intelligence artificielle, l’ambiguïté du progrès se fait encore plus piquante. OpenAI muscle la personnalisation de ChatGPT via une mémoire sans fin, jongle entre démocratisation et verrouillage en introduisant « Flex processing » et des contrôles d’identité. Ironie de la modernité : il faut désormais prouver qu’on mérite d’innover, pendant que Netflix délègue votre goût à l’algorithme et que le développement logiciel s’emballe entre acquisitions, guerres de startup (Windsurf vs Cursor). Partout, l’accès devient conditionné, la fenêtre d’opportunité réduite à ceux qui cochent chaque case – ou qui payent au centime près.

L’innovation numérique adore promettre l’ouverture, tout en truffant le parcours d’ornières économiques et bureaucratiques.

Au final, les frontières tombent… pour mieux se relever ailleurs : connectique, stockage, sécurité, consommation gérée par petits bouts (combien de comptes, de mots de passe, de SSD, de VPN, de badges de précommande pour attraper la « bonne » technologie avant que la fenêtre ne claque ?). L’obsession de la personnalisation et de l’expérience unique vire au mythe, tant l’usager est ballotté entre la tentation du tout-accessible et la réalité du tout-filtré. Un filigrane de contrôle et de rareté s’est glissé jusque dans les moindres interstices de notre quotidien numérique.

Reste donc une interrogation, aussi existentielle que sociologique : à force de nous promettre la révolution à chaque itération – Switch, EV4 ou IA toujours plus affûtée – la technologie ne tend-elle pas aujourd’hui vers la marchandisation de l’air du temps ? Sous prétexte d’expérience inédite, on aménage nos libertés, on chiffre nos envies, on APIse nos rêves – pour mieux contrôler qui innove, qui consomme, et qui s’enthousiasme vraiment. Et si, finalement, le dernier espace révolutionnaire n’était pas l’objet technologique, mais la volonté de garder un pied hors de la boucle algorithmique ?

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