Innovation jetable, dépendance durable : bienvenue dans le marché du FOMO connecté

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Innovation jetable, dépendance durable : bienvenue dans le marché du FOMO connecté

La technologie, dans son inlassable mouvement d’innovation, adore brouiller ses propres pistes : un jour elle promet la maison connectée, le lendemain elle la démonte sous nos yeux en retirant, par exemple, les thermostats Nest d’Europe. Mais cette dynamique d’obsolescence programmée ne se limite pas à la domotique. Elle infuse tout, des liseuses Boox Go 7 qui cherchent à déborder leur format pour devenir “plus que des liseuses”, à la Switch 2 de Nintendo, objet de toutes les convoitises et désormais, pour beaucoup de fans, de toutes les files d’attente virtuelles.

Sous le vernis du progrès, les géants jouent une partition bien huilée : instaurer la rareté, puis la monétiser jusqu’à l’os. Google taille dans son catalogue européen, Nintendo entretient la faim et le suspense du gamer comme un produit d’appel, et les fabricants de liseuses multiplient des modèles où le prix du stylet atteint la moitié du coût de l’appareil. Le spectacle est saisissant : la “révolution” annoncée n’est souvent qu’une course à la collection de gadgets, à l’instar de la prolifération des accessoires Switch – plus nombreux que les jeux eux-mêmes.

Mais comment s’étonner de cette fuite en avant quand tout l’écosystème digital s’accélère au rythme de l’intelligence artificielle ? L’IA de Google édicte désormais les résultats de recherche comme des sentences divines, remplaçant la diversité du web par des recommandations algorithmiques – et, justement, focalisées sur la monétisation. Les plus offensifs, tel Boox ou OpenAI, surfent sur ce modèle : proposer l’illusion d’une abondance (de fonctions, d’accès, de savoirs), tout en resserrant la porte au fur et à mesure qu’ils “démocratisent” leur technologie (entendez : réduisent les fonctionnalités gratuites ou imposent outils légers pour la masse, brillants pour une élite abonnée).

L’innovation n’est plus un élan collectif, mais une injonction répétée à consommer du jetable (connecté si possible).

Ce jeu cynique a-t-il une issue ? Peut-être celle de la déception calculée : ce que l’on achète aujourd’hui, qu’il s’agisse d’un thermostat collaboratif, d’une console que l’on n’aura jamais, ou d’une liseuse “productive”, n’est déjà qu’une promesse d’obsolescence orchestrée. La technologie occidentale, dans son obsession du flux et du renouvellement, fabrique désormais elle-même l’incertitude et la lassitude du consommateur. Même la “démocratisation” de l’IA par Google ou OpenAI ne fait qu’ajouter un étage à l’édifice : tout le monde finit par être “connecté”, mais de plus en plus par des liens fragiles, conditionnels, et surtout monétisables à l’envi.

Difficile, dès lors, de rêver encore à une “société numérique stable” quand la volatilité devient la norme et que la dépendance à des écosystèmes opaques est la seule constante. S’il y a un nouvel art de vivre technologique, il tient autant de la chasse au trésor que du survivalisme sponsorisé : la quête de la prochaine innovation, de l’accessoire rare ou de la fonctionnalité précaire tourne à l’absurdité. L’utilisateur, hier “acteur”, devient aujourd’hui client captif – et s’il refuse le jeu ? Il n’a plus qu’à grelotter dans sa maison froide, sans thermostat, devant une liseuse livrée sans stylet, et à rafraîchir la page jusqu’à l’épuisement… en attendant la prochaine rupture de stock algorithmique.

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