Vent de panique sur la planète tech cette semaine : tandis que des IA toujours plus puissantes promettent de s’occuper de tout – y compris de trier la poussière de votre salon et de décider si vous méritez le job – certains gadgets physiques essaient désespérément de prouver qu’ils ne sont pas que de la déco de bureau. On le constate avec la souris gamer cyclonique de Pulsar/Noctua qui s’invite dans la valse des innovations les plus fraîches… à condition de ne pas finir en panne comme un bracelet Whoop muet le lendemain de Noël.
Ironie du progrès : alors que l’on s’acharne à ventiler nos doigts ou à sauver nos poignets à coup de tablettes ROG taillées pour les FPS, c’est l’IA qui prend le pouvoir sur le logiciel comme sur le matériel. Microsoft dope Notepad et Paint à Copilot pendant que OpenAI et Mistral AI organisent leur concours de qui aura le plugin le mieux “dressé” pour automatiser le monde. C’est la grande foire à l’assistant qui promet la créativité sans l’angoisse de la page blanche – à condition de pouvoir payer l’abonnement et d’éviter le bug dans le cloud.
Pour que la fête soit complète, les bugs ne prennent jamais congé : la panne qui touche X (ex-Twitter) résonne comme un avertissement pour tous les idéalistes du “full cloud”, qui croient encore à l’infrastructure éthérée et invisible. Pendant que les IA luttent pour une morale algorithmique au sommet de Berkeley, les développeurs, eux, déplorent que le moindre bug d’API chez Naukri en Inde ou la faille d’un bracelet de fitness ramènent brutalement la high-tech sur Terre : celle où l’innovation boite, tonne, ou crame au fond d’un data center.
La technologie promet la perfection, mais c’est souvent dans ses défaillances que l’on mesure nos vraies dépendances.
Et pendant que la planète consomme sa dopamine en chasse aux promos Memorial Day sur aspirateurs Dyson ou abos Peacock bradés, l’essentiel se joue ailleurs : dans la robustesse des systèmes, la sécurité de nos identités ou la confiance placée dans chaque chatbot, chaque robotaxi Zoox, chaque “mise à jour” de bloc-notes. Car à force d’ajouter du vent (de Mistral ou ailleurs) et des gadgets à la chaîne, ne risque-t-on pas d’échapper à la matérialité même de nos usages – ce moment précis où, face à la panne ou au bug, plus personne (ni IA, ni SAV) ne répond ?
On pourrait croire à un éternel retour du gimmick numérique : la promesse qu’à chaque innovation logicielle correspondra son lot de bugs physiques, et vice versa. Reste qu’à chaque fois qu’un bracelet, une prise ou une plateforme s’arrête, c’est le réel qui revient au galop : celui de la prise murale, du SAV, de l’abonnement dont on oublie de se désabonner. Face à la grande illusion de la machine omnisciente, peut-être qu’aérer – physiquement ou métaphysiquement – nos pratiques numériques reste le meilleur souffle d’intelligence : celui qui se moque de la surcharge, du buzz comme des ratés, pour s’offrir une pause, loin de la roue du hamster tech.