À l’heure où la Nintendo Switch 2 s’empresse d’envahir les salons – et les files d’attente nocturnes dignes d’un Black Friday pour joueurs insomniaques – la tech, elle, s’empêtre entre ses annonces de révolution (inclusive, s’il vous plaît !) et les petites mesquineries d’un capitalisme toujours prompt à briser la magie. Qui aurait imaginé que le simple choix du genre Mii devienne la ligne de front d’un débat sur l’inclusivité alors que, dans le même temps, la console impose la microSD Express, un artefact aussi abordable qu’un brunch hipster à Tokyo ? Le progrès, c’est choisir d’incarner qui on veut… tant qu’on peut se payer le stockage qui va avec.
Mais que nous dit cette obsession de la diversité technologique ? Qu’on soit parent épuisé misant sur la magie du hochet lumineux (Quand la Tech Fait Poussette), jeune pousse tentant de s’incruster au TechCrunch All Stage, ou banquier d’Afrique rêvant d’une super-app façon PalmPay, la rhétorique est la même : l’innovation ne servirait qu’à élargir le cercle, permettre à chacun de “jouer”. Pourtant, partout, des portes se referment : inutile de chercher l’accès à l’API X, l’eldorado des données devient citadelle (Qui veut fermer l’accès des IA aux réseaux sociaux ?). On clame la liberté d’entrer tout en verrouillant les sorties : inclusion pour les avatars, mais exclusion tarifaire sur les accessoires – bienvenue dans la modernité selon Nintendo.
Ce n’est pas qu’une question de pixels ou de contrôleurs. Quand Sony décide, par exemple, d’intégrer un stick arcade sans fil ultra-personnalisable à sa gamme PlayStation, n’est-ce pas le signal que la vraie bataille de la tech contemporaine se joue moins dans l’innovation de rupture que dans la promesse de donner à chacun l’illusion du choix parfait, du produit taillé sur-mesure pour un ego digitalis déconfiné ? Mais, au fond, l’arcade n’a jamais été une affaire d’exclusivité : elle se nourrit du collectif, des cris de la salle, pas des algorithmes d’optimisation de latence. Ironiquement, plus la tech vante l’émancipation de l’usager fidèle, plus elle semble orchestrer une étroite partition d’accès, de stockage, et – suprême clou du spectacle – de mise à jour obligatoire.
Sous couvert de diversité, la technologie contemple sa propre image dans le miroir du marché, et chaque “révolution” devient un remake calibré.
Les consoles chevaleresques d’hier troquent-elles leur fougue contre la neutralité de façade (Switch 2 et avatars neutres), quand Apple recycle la même verticalité de l’App Store (“ouvrez, mais pas trop, il y a encore des pourcentages à se partager” – Domination App Store) ? Même la robotique, open source avec SmolVLA, rêve d’accessibilité, mais on reste pourtant à quelques droits d’auteur et dépendances hardware du vrai partage universel. Au final, l’inclusivité digitale n’est trop souvent qu’un choix de stylisme dans l’interface utilisateur, pendant qu’au back-end, tout le monde paye le prix fort – en euros, en données, ou en temps d’attente sur le pas de la FNAC.
La technologie aime célébrer son ouverture, mais surveille férocement son péage. À force, chaque innovation s’avance masquée, oscillant entre altruisme revendiqué et repli élitiste, entre avatar sans genre et carte mémoire hors de prix. Jusqu’où jouera-t-on ce jeu de la “révolution” sous conditions ? À cette cadence, le marché pourrait bien, un jour, réclamer des “joy-cons” pour piloter nos vies… mais à quel coût pour la créativité, et surtout pour l’inattendu ?