Bienvenue dans la vallée des paradoxes numériques, où la protection de l’enfance devient l’alibi favori des législateurs texans pour collecter toujours plus de données, où les jeunes diplômés se voient déprogrammer avant même leur première ligne de code, et où l’intelligence artificielle, reptilienne et tentaculaire, prétend résoudre la pénurie énergétique qu’elle a elle-même engendrée. Si le Texas rêve de filtrer l’accès à l’App Store sous couvert de tutela paternaliste (papa Abbott veille au grain), Meta, elle, scinde son département IA en petits morceaux digestes, dans l’espoir de rivaliser avec les champions de la fragmentation algorithmique. Dans ce grand théâtre, la sécurité et l’innovation se battent comme des chiffonniers pour savoir qui vendra le mieux la terreur du piratage… et qui laisse vraiment la clé sous la porte.
Derrière la comédie des réglementations et des patchworks énergétiques, surveillons le nouveau roman noir de la Silicon Valley : la fuite des secrets vers la Chine. Tandis que les data centers américains, poussés par l’hubris de la croissance IA et l’envolée du streaming (merci Youtube sur la TV), s’affolent pour grappiller des mégawatts oubliés avec le vernis d’optimisation IA de Gridcare, on découvre qu’il est parfois plus facile pour TuSimple… ou devrais-je dire CreateAI, de transférer tout un système de conduite autonome par mail de l’autre côté du Pacifique. Ici, la “hausse du niveau de sécurité” n’est souvent qu’un slogan pour investisseurs, pendant que les vraies fissures réglementaires se creusent loin des projecteurs.
Chez Meta, la mode est à la division pour mieux régner, mais nulle inquiétude : aucun licenciement, seulement de la “recombinaison” darwinienne, offrant désormais à WhatsApp un nouveau souffle sur iPad (transformation ou simple rattrapage ?). On se croirait face à une version corporate de “je te tiens par la barbichette”, l’innovation avançant à coups d’annonces synchronisées et de fonctionnalités attendues depuis une décennie. Le tout enrobé de discours sécuritaires — Apple sermonnant sur la jungle App Store (sécurité ou marketing ?), déployant leurs arguments moraux comme une armée de chatbots sous stéroïdes.
L’évolution numérique, c’est ce Rubik’s Cube géant que même l’IA semble tourner en boucle sans parvenir à réconcilier sécurité, liberté et rentabilité.
Et pendant que les majors de la tech verrouillent leurs écosystèmes sous prétexte de protéger enfants et données, on s’étonne que les jeunes diplômés se retrouvent piégés dans une boucle sans fin : pas d’embauche possible sans expérience IA, mais l’IA justement s’accapare tous les jobs d’entrée de gamme (jeunes diplômés à l’abattoir et autopsie d’un marché cloisonné). Le progrès qui devait ouvrir des portes ne fait que polir la poignée d’un club de plus en plus élitiste. Même l’accès aux gadgets (porte-clés MagSafe ou claviers magiques) devient le signe d’une sophistication-marketée plutôt qu’un réel outil d’émancipation (les accessoires iPad, ou la tentation de la personnalisation contrôlée).
Ainsi s’étire notre ère digitale : entre législations liberticides déguisées en protection, flambées de censure sous couvert d’éthique, et promesses d’inclusions qui finissent embouteillées dans une impasse d’algorithmes. L’innovation ne fait plus toujours rêver : elle fait compliance, elle fait chiffre, elle fait écran. Et le sens de tout ça ? N’est-il pas temps de rappeler que la technologie n’a pas vocation à nous “protéger” de tout ou à nous optimiser indéfiniment… mais à laisser, parfois, la possibilité de rater, hésiter, essayer par soi-même — bref, à vivre ?