Dans la singulière ronde des avancées technologiques, chaque innovation semble se heurter tout autant à la crainte sécuritaire qu’à l’entêtement juridique, comme si la disruption n’était jamais qu’un bal masqué orchestré par intérêts contradictoires. Voyez le Congrès américain, désormais aux aguets, qui bannit WhatsApp autant pour pêcher la donnée que pour préserver une façade de contrôle souverain : la confidentialité, mise au pilori, survit à coups de décrets tout aussi performatifs qu’inefficaces. Dans le même temps, un typhon numérique s’abat sur le Canada – Salt Typhoon pour les initiés – prouvant que la géopolitique en 2025 n’avance plus à pas de velours, mais en audit de log et en traçabilité de firmware chinois.
Tandis que WhatsApp se fait éconduire sous prétexte de risque opaque, les IA tout-en-un de Musk – tel Grok via xAI – ou l’agressivité de Google dans son écosystème Chromebook, tentent l’offensive sur la sainte bureautique. L’ordinateur portable, loin d’être relégué à un terminal de seconde zone, devient à nouveau l’enjeu d’une bataille pour la productivité sous perfusion d’IA. L’intelligence artificielle, omniprésente mais prestataire d’option premium (cf. Chromebook Plus), s’infiltre partout : des applications de messagerie pour élus à l’arrière-boutique des néobanques européennes, la délégation algorithmique devient la nouvelle normalité, mais non sans coûts (pour les libertés, la créativité …et le portefeuille).
Cette taylorisation de l’assistance technologique, qui fait croire que chaque bouton “IA” simplifierait notre vie, masque le fait que l’utilisateur moyen devient simultanément créateur de valeur (donnée, attention, comportement) et éternel cobaye. L’affaire OpenAI/Jony Ive, où un simple conflit de nom (“io”, trop proche de “iyO”, propriété d’un projet concurrent) entraîne la disparition précipitée de toute la com’ officielle (ici et là), rappelle que même les pionniers de l’IA restent prisonniers du bal des egos, des querelles de chapelle et d’une propriété intellectuelle instrumentalisée. Pendant ce temps, Spotify enrichit son abonnement à la hussarde, glisse subrepticement livres audio et hausse forcée, tout en maximisant la marge au détriment de ses artistes (Spotify).
En 2025, la promesse du progrès technologique tient souvent plus de la guérilla réglementaire et du “bypass” commercial que de la véritable émancipation collective.
Derrière l’illusion de la “renaissance” – qu’il s’agisse d’un nucléaire new-yorkais soudainement trendy (New York nucléaire), de robotaxis qui se veulent sans chauffeur mais gardent un “safety pilot” pour rassurer la galerie (Tesla robotaxi), ou d’appareils “Plus” qui vendent l’IA à tous les étages – la grande affaire du moment consiste à organiser l’irruption du progrès par des portes dérobées : celle des usages pilotés, des consentements tièdes, et du marketing déguisé en disruption. Entre sécurité nationale en mode psychose, bataille de brevets et surpromesse algorithmique, ce qui s’esquisse en filigrane, c’est un monde où la nouveauté compte moins pour ce qu’elle fait que pour ceux qu’elle… laisse réellement aux commandes.
Au point où chaque avancée – d’Alexa+ (ici) à la moindre version d’iOS (là), des Chromebook ARM “boostés IA” à la efficacité légale des fonds FinTech (ici) – devient prétexte à modeler (ou soumettre) le citoyen/consommateur aux standards imposés. La question n’est donc peut-être plus de savoir “si” la technologie libère, mais jusqu’à quel point toute rupture ne cache pas surtout une nouvelle normalisation sous vernis innovant. Silicon Valley ou Parlement, même tango, même ivresse : celle d’une planète toujours à la merci du prochain patch… ou du prochain procès.