Bienvenue, mes chers cyber-lecteurs, dans le grand cirque techno-capitaliste où l’IA joue tantôt la muse, tantôt l’usurpatrice. Cette semaine, derrière le battage des pixels et des cœurs de silicium, voilà que se dessine un véritable kaléidoscope du pouvoir algorithmique sur nos vies, nos métiers, notre culture… et même sur l’avenir d’une planète voisine. De la créativité à la monétisation, des procès aux espoirs syndicalistes en passant par la conquête martienne et l’envolée des marchés de prédiction, l’intelligence (plus ou moins artificielle) semble décidée à recomposer les règles du jeu — à moins que ce soit toujours le même tour de passe-passe, repeint aux couleurs du progrès.
D’un côté, avec Claude, chatbot vedette d’Anthropic, on découvre que la romance humanoïde-IA n’est (ouf !) pas près de remplacer les confessions d’alcôve chez votre fleuriste local. Dans l’immense majorité des cas, l’IA n’est là que pour liquider vos to-do lists et corriger le style de vos e-mails — pas pour sécher vos larmes. Pendant ce temps, sur YouTube, l’IA s’invite à la fête (ici), mâchant déjà les contenus de demain et spoilant le travail des créateurs, plus prompts à compter les clics qu’à célébrer l’originalité. De la robotisation du réconfort à l’optimisation du zapping viral, la machine s’évertue à sauver notre temps… pendant qu’elle vole le show.
Mais la technologie n’a pas l’apanage du divertissement rentable : sur le terrain plus aride de la propriété intellectuelle, Meta et Anthropic remportent coup sur coup (ici, là) les procès sur le droit d’auteur, alors que la justice américaine, pragmatique comme un programmeur sous deadline, considère que “picorer” dans les œuvres n’est pas un crime tant que le buffet est bien garni et flou. Le fair use devient norme, l’art du remix s’institutionnalise, et les créateurs sont invités à se contenter de la gloire algorithmique. Les procès en série deviennent la bande-son d’une époque où l’IA se gave de nos récits… pendant que les auteurs sont priés de reformater leur indignation en publications LinkedIn.
Le nouvel ordre IA : la créativité industrialisée, le résumé privatisé et l’espoir monétisé sur fond d’injonction à l’innovation.
À propos d’industrialisation, la gestion du contenu, de la musique à la presse, vire à la compétition entre monopoles : Suno rachète WavTool (lire) pour masquer une partition judiciaire dissonante, Google brandit son Offerwall (ici) pour réinventer le paywall (tout en prenant sa commission publicitaire, évidemment), et Meta promet de résumer vos messages WhatsApp (par là) « en toute confidentialité », façon de vous habituer à la supervision discrète de vos échanges. Le véritable miracle, c’est de voir la monétisation se transformer en performance d’imitation : plus la technologie évolue, plus les modèles économiques courent derrière la promesse d’un “avenir” — qui ressemble furieusement à une cage dorée, bardée de stats, de brevets, et de comptes LinkedIn Premium.
Et pendant que l’humain se demande si l’IA lui prendra sa vie ou seulement son temps libre, quelques lueurs d’espoir subsistent : une valise Switch qui recharge vraiment (merci, Belkin), Mars qui n’a peut-être pas fini de pleurer ses océans (voilà), et Bernie Sanders qui rêve d’une vraie semaine de 4 jours grâce à nos collègues robots (ici). Reste à décider si la prochaine frontière à franchir n’est pas celle de l’imagination collective… ou du simple repos retrouvé. Chose certaine : la technologie transforme tout ce qu’elle touche, mais rien ne l’empêche de tourner en rond, surtout si nos data, nos œuvres et nos désirs sont déjà consignés dans l’API d’un géant.